- Samedi 18/10/2008 : Ce matin, ça y est, c'est le départ pour la "Terrrible Piste du Sud" dont nous avons tant entendu parler ! Nous avions réservé à l'avance notre hébergement dans tous nos lieux d'étapes car il n'y a pas beaucoup de possibilités de logement et ravitaillement tout le long de cette piste et, même si nous n'y avons pas rencontré grand'monde, nous nous retrouvions tous aux mêmes endroits, le soir (essentiellement un groupe d'italiens que nous avons été bien contents de trouver en cours de route)... Sur le toit du 4X4, il y a la réserve d'essence et, dans le coffre des bouteilles d'eau pour le moteur !... et pour la soif...
Plusieurs fois, nous devons nous arrêter pour remettre de l'eau dans le moteur qui chauffe...
Nous arrivons dans la région des Mahafaly, groupe ethnique qui partage avec les Antandroys ("ceux des épines") la tradition des grands tombeaux, d'un coût très élevé et d'une grande imagination dans le décor. Ce sont de grandes constructions rectangulaires dont les parois sont décorées de peintures naïves et de sculptures en béton peint. Elles sont surmontées de cornes de zébus et de totems en bois sculpté, les fameux "aloalo"...quelquefois, de grandes pierres levées sont fixées contre deux parois opposées (caractérisant les tombeaux des Antandroys)
Chaque tombeau ne renferme qu'un seul défunt. La construction du monument est précédée de grandes funérailles pouvant durer plusieurs mois, avec sacrifice de tous les zébus du défunt, dont les cornes ornent le tombeau... Ces rituels onéreux contrastent terriblement avec la grande pauvreté de la région, la vie après la mort ayant bien plus de valeur que la vie terrestre, pour les malgaches.
Les aloalo, au début, ne figuraient que des zébus et des ibis. Maintenant, en plus de leurs motifs géométriques, les statuettes représentent des scènes de la vie courante, ou ayant trait à la peronnalité du mort. Ils sont considérés comme des intermédiaires entre les vivants et les morts. Ils sont sculptés par des artistes de renom, et coûtent très cher (1 à 2 zébus pièce)...
Ces tombeaux sont des lieux sacrés et il ne faut pas rester trop longtemps autour ni les photographier de façon trop ostensible... Nous en verrons beaucoup tout le long du parcours, tous différents les uns des autres...
Ils sont vraiment très beaux.
Des tortues croisent parfois notre piste
Nous arrivons dans ce coin de paradis qu'est Itampolo vers 11h30. Les bugalows "Chez Alan" donnent sur la plage en dominant la mer du haut de la dune. Cet endroit est superbe et il n'y a personne...
Le petit village de pêcheurs est bien tranquille et, le soir, les filets verts et bleus sont étalés près des pirogues sur la plage...
- Dimanche 19/10/2008 : Ce matin, nous entamons la partie la plus dure de la piste du Sud. Dès le départ, notre 4X4 fait des siennes. Impossible de passer en quatre roues motrices ! Heureusement, nous partons en convoi avec les deux autres 4X4 loués par des italiens et dont les chauffeurs et le nôtre sont amis. Ca rassure...
Premier passage difficile : il faut traverser le lit d'un fleuve à sec et plein de sable : nous restons bloqués au milieu. Il faut descendre et essayer de tirer, pousser... Heureusement, il y a un point d'eau sur la rive en face et, tout autour, plein de monde...
Tous arrivent à la rescousse pour nous aider...
Nous sommes l'attraction de la journée !... Notre 4X4 va bientôt être tiré de là...
Nous reprenons la piste infernale et nous arrivons à un autre passage délicat : un autre lit de fleuve à sec mais avec des rochers, cette fois...
Concertation des chauffeurs qui sont un peu inquiets pour leurs voitures... Nous devons descendre et faire une partie du chemin à pied parmi les cactus et figuiers de Barbarie qui sont très nombreux dans la région, c'est bien pour ça que les habitants, ici, sont nommés "le peuple des épines". Pendant que nous cheminons en goûtant les figues de Barbarie (quelques-un(e)s se mettent des piquants plein la langue !), les chauffeurs s'échinent à faire passer les 4X4 dans les rochers... puis, un deuxième gué de sable où, en se faisant tirer par les autres voitures, nous arrivons à passer. Ouf! Christian est soulagé... maintenant, ça devrait aller mieux... La piste est encore impressionnante tout de même : nous passons entre les cactus très resserrés de chaque côté de la piste qui se rétrécit de plus en plus. Ca griffe et cogne contre les vitres. Il fait très chaud et nous avalons quantité de sable et poussière...
Nous croisons de temps en temps des charrettes à zébus bâchées, émergeant des cactus ...
Nous arrivons à un gros bourg, Beloha, où nous faisons un arrêt pour acheter de l'essence et nous désaltérer au café de la place. C'est dimanche et le village est bien calme, les gens font la sieste sous les arbres.
Et c'est reparti pour encore une heure de piste pleine de cahots. La voiture est blanche de poussière...
Nous arrivons enfin en vue des deux longues falaises qui s'avancent sur la dune, les "longs seins" de Lavanono... La vue est superbe ! mais nous ne sommes pas encore arrivés en bas...il faut emprunter un chemin plutôt escarpé à flanc de falaise, en roulant sur deux rails de béton et la descente est assez raide !
Nous logeons "chez Gigi", ex-champion de surf et fervent écologiste, très sympa...il a décoré son domaine d'une façon plutôt kitsch !
La vue est magnifique, nous dominons la baie où la mer fait des rouleaux. On accède à la splendide plage déserte par un joli chemin bordé d'agaves aux tiges immenses... La mer est délicieuse...
C'est vraiment un endroit génial... Bon dîner et rhum arrangé chez Gigi et nous nous endormons au son des vagues... Ici, la douche se fait dans une bassine avec des bouteilles d'eau peintes en noir et chauffées au soleil, eau récupérée pour arroser les plantes du jardin...
jeunes villageoises ...
- Lundi 20/10/2008 : Pour continuer notre chemin, il faut d'abord reprendre les rails de béton pour gravir la falaise de Lavanono, puis reprendre la piste sableuse en direction de Faux-Cap (Betanty). On risque plusieurs fois l'ensablement, mais, finalement, ça passe...
Encore de magnifiques tombeaux tout le long de la piste... et traversée de quelques petits villages perdus...
A l'entrée de Faux-Cap, se tient un grand marché coloré... Etal de couvertures typiquement malgaches...
Nous arrivons à l'unique hôtel du village, le "Cactus hôtel"... C'est on ne peut plus rustique. Sa situation est vraiment superbe, en haut d'une dune qui domine la longue plage sauvage. Une barrière de rochers plats forment une sorte de lagon à marée basse... Malheureusement, le vent souffle vraiment très, très fort, faisant cingler les grains de sable sur la plage. On se baigne quand même, la mer est bonne... Nous sommes à l'extrême sud de l'île. Quelquefois, on peut voir des baleines passer au large...
Le restaurant du "Cactus" ressemble à un repaire de corsaires, surtout le soir quand le vent siffle tout autour et fait trembler les planches disjointes et osciller la lampe pendue au plafond ! Les bungalows sont du même genre, le toit en chaume laisse tomber des bestioles sur le lit et la porte ne ferme qu'à moitié... C'est vraiment l'hôtel des courants d'air ! Enfin,la vue est imprenable et la patronne, qui est aussi l'institutrice du village, est si gentille !...
- Mardi 21/10/2008 : Après le petit-déjeuner, composé de "mofo gazy", beignets à la farine de riz et de crèpes confectionnés pour nous par la patronne qui a laissé sa classe sous la surveillance de sa voisine (!!!), nous reprenons la piste en direction de Fort-Dauphin, dernière étape du voyage en 4X4.
Nous arrivons sur la RN13, la route est longue et plutôt monotone. Nous longeons de grandes étendues cultivées et des plantations de sisal.
Au passage d'un pont, nous remarquons des gens qui ont creusé des trous dans le lit sableux du fleuve à sec. Dans ces trous, ils trouvent de l'eau pour faire la lessive mais c'est de l'eau saumâtre qu'ils ne peuvent pas boire...
Dans cette région le problème du manque d'eau est très important. Les habitants doivent aller chercher l'eau douce à une trentaine de km et la transporter dans de gros bidons en charrette à zébus.
La route devient plutôt une piste assez en mauvais état... Après le sisal, succèdent les épineux et les arbres-pieuvres si particuliers, sortes de cactus aux longues tentacules dressées vers le ciel.
